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11 Nov
11Nov

MOBILITÉS :  ruée vers les abonnements SIBRA, succès populaire mais casse-tête budgétaire ? 

La nouvelle politique tarifaire de la Sibra à Annecy, en vigueur depuis début septembre dernier, a entraîné une hausse significative des abonnements. Le développement de mobilités plus durables doit passer par une utilisation croissante des transports en commun par les habitants. Cependant, à regarder les chiffres de plus près, l’enthousiasme affiché pourrait être tempéré par des questions essentielles de financement et d’impact budgétaire à plus long terme.

L’objectif initial de la baisse tarifaire était d’inciter un maximum d’habitants, notamment des actifs, à abandonner leur véhicule personnel au profit des transports en commun. Avec un tarif annuel de 100 euros pour les adultes, le Grand Annecy visait à créer un “choc de l’offre” pour répondre à la demande en mobilité et réduire la congestion urbaine. Néanmoins, avec des prix si bas, et malgré plus de 7 000 nouveaux abonnés, cette augmentation ne suffit pas à combler le manque à gagner causé par la réduction des tarifs. En d'autres termes et comme le montre le tableau comparatif ci-dessous, malgré le succès apparent de cette initiative en termes de fréquentation, les recettes ne permettent pas de compenser les pertes financières dues à cette baisse des tarifs.

Or, pour qu’une politique de transports en commun soit véritablement efficace, elle doit non seulement attirer les utilisateurs, mais aussi garantir un réseau fiable, bien entretenu et capable d’évoluer pour répondre aux besoins croissants (par l'augmentation des cadencements par exemple pour éviter le phénomène de bus bondés et l'insatisfaction des usagers), ce qui représente un coût non négligeable. Au-delà de ces considérations de fonctionnement, il est aussi légitime de se demander comment seront, à terme, compensés les 1.3MEUR de manque à gagner estimés ? 

En réalité, le Grand Annecy n'aura pas d'autres possibilités que d'utiliser à nouveau le produit de la hausse du versement mobilité des entreprises (1.6% au lieu de 1.2% depuis septembre également) pour maintenir un équilibre financier. C'est d'autant plus problématique que cette hausse avait été justifiée par sa présidente, par le besoin de financement de l’infrastructure de "réseau haute mobilité" de l'agglomération.

Cela intervient également dans un contexte où le projet d’expansion du réseau de transport est également encore ralenti par des querelles politiques entre la majorité ASTORG-MULATIER-LARDET de nouveau affichées au grand jour  lors du dernier conseil communautaire, avec des tensions autour des priorités et des choix de tracé, notamment concernant l’axe Pringy-Seynod, entre l’option du tramway et celle du Bus à Haut Niveau de Service (BHNS). Il est d'ailleurs surprenant de voir la présidente du Grand Annecy, Frédérique LARDET s'épancher dans la presse ou sur les réseaux sociaux, pour se féliciter que ses initiatives « cartonnent » en matière de mobilité, alors même que le grand projet de « réseau haute mobilité » censé transformer durablement les transports reste, lui, dans les cartons (les travaux sur la première ligne ont déjà été repoussés de 2025 à 2028). Dans cette situation, il ne serait pas impossible de voir d'autres hausses de taxes arriver, pour maintenir un budget de fonctionnement équilibré tout en finançant des dépenses d'investissements importantes à venir.

Nous serons vigilants, tant sur le sujet des taxes, que sur le projet de "réseau haute mobilité", que nous défendons de longue date en tout BHNS.

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