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15 Feb
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DOSSIER : plage de l'Impérial, quelles concessions pour l'appel d'offre en cours ?


Contexte


Lors du conseil municipal du 18 novembre 2024, la ville d’Annecy avait annoncé vouloir lancer un appel d’offres concernant une concession de service public pour la réhabilitation, la gestion et l’exploitation des infrastructures festives et de restauration de la Plage de l’Impérial.

Pour rappel, la ville est propriétaire de ce site sur la presqu'île d'Albigny. La précédente délégation de service public (DSP) accordée en 2006 pour 15 ans avait expirée en 2021. Des autorisations temporaires d’occupation (AOT) du domaine public avaient ensuite été accordées ces dernières années. Ces solutions transitoires ont permis de maintenir une activité minimale, mais elles ne répondaient pas pleinement aux attentes en matière de dynamisation et d’entretien des équipements.


L'appel d'offres 

Il a été lancé début décembre 2024 avec deux objectifs : 
  • répondre aux attentes des habitants et des touristes dans le but de transformer la Plage de l’Impérial en un lieu attractif, offrant des services variés, modernes et de qualité ;
  • investir sans mobilisation de fonds publics, puisque la concession met la totalité des coûts de réhabilitation à la charge du concessionnaire.
La concession porte sur la réhabilitation et la gestion des équipements suivants :
  • le bâtiment principal abritant un restaurant, une discothèque et un bar rooftop ;
  • la paillote ou une alternative de restauration rapide (food truck) ;
  • la plage privée et les aménagements extérieurs ;
  • les locaux d’accueil pour le stockage et des bureaux.
Calendrier de l’appel d’offres
  • Dépôt des candidatures : avant le 17 février 2025, 12h.
  • Analyse des offres et négociations : février à avril 2025.
  • Choix du lauréat : mai-juin 2025.


Le cahier des charges


Il concerne :
  • la modernisation et la réhabilitation des bâtiments avec une attention particulière à l’optimisation énergétique ;
  • la gestion et l'animation avec la volonté d'assurer une offre de restauration variée, adaptée à une clientèle locale et touristique, de proposer des activités festives, des animations régulières et des événements saisonniers ;
  • la prise en compte de l'impact social et local, avec des engagements d’insertion sociale.


Le volet financier


Il est prévu un contrat de concession de 15 ans, à partir du 15 septembre 2025.

Le montant global de la concession est estimé à 60 millions d’euros, représentant la somme totale du chiffre d’affaires hors taxes (HT) que le concessionnaire est estimé générer pendant toute la durée du contrat (15 ans). Il s’agit d’une estimation, basée sur les revenus attendus de l’exploitation de tous les équipements (restauration, discothèque, plage privée, ect).

En contrepartie, le contrat prévoit deux types de redevances que le concessionnaire devra verser à la commune;


  1.     Redevance fixe :     
    • Cette somme, due chaque année, garantit un revenu stable pour la commune, indépendamment des performances financières du concessionnaire.
    • Elle est calculée en fonction de la valeur estimée des équipements et de leur potentiel économique.     
    • Le montant précis de cette redevance sera déterminé lors des négociations avec les candidats et ne pourra être inférieur à 150 KEUR annuellement.
         
  2.     Redevance variable :     
    • Proportionnelle au chiffre d’affaires réalisé par le concessionnaire.
    • La proportion exacte (pourcentage du chiffre d’affaires) n’est pas définie dans les documents préliminaires, mais sera fixée dans le cadre du contrat final.
         
  3.     Absence de financement public :          
    • La commune ne prévoit pas de contribuer financièrement aux travaux, misant entièrement sur les investissements privés.
         
Les points de vigilance

Sur la modernisation des infrastructures, il est regrettable de laisser la possibilité pour le futur concessionnaire de détruire la Paillote pour la remplacer par un énième food truck. Et ce alors qu'un rapport du cabinet EGIS, joint à l'appel d'offre estime que "la structure du bâtiment présente un état correct compte tenu de sa période de construction (au cours des années 1970) et de sa vacance".


Sur la partie financière, la concession est estimée sur une hypothèse de chiffre d'affaires HT à 60 millions d’euros sur 15 ans. Mais quelles garanties financières seront demandées à la ville en cas de sous-performance économique du concessionnaire ?  De même le niveau de redevance fixe sera-il suffisant pour compenser l’exploitation privée d’un bien public stratégique ? Aussi quels mécanismes seront mis en place pour garantir que les revenus déclarés par le concessionnaire reflètent réellement l’activité économique ?


Conclusion


Le site de l’Impérial est situé dans un cadre naturel exceptionnel, au bord du lac d’Annecy. Ce projet, tel qu’il est présenté, comporte des zones d’ombre et c'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle nos élus Annecy Ensemble s'étaient abstenus de voter la délibération en conseil municipal à l'automne dernier. Une vigilance accrue sera donc nécessaire dans les prochains mois, pour s’assurer que l’intérêt public prime dans la gestion de cet espace emblématique.


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