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22 Sep
22Sep

DOSSIER : Annecy, ville "éco-propre" sur le papier, sale sur le pavé

Initié en 2016 par l'Association des villes pour la propreté urbaine (AVPU), le label "Ville Eco-Propre" distingue les collectivités qui s'engagent à améliorer durablement la propreté des espaces publics.

Dans le détail, le label « Ville Eco-propre » est constitué de 5 étoiles :
- 1ère étoile : s’évaluer et se faire analyser
Les villes obtiennent la première étoile en mettant en oeuvre la méthodologie d’évaluation de l’AVPU : les Indicateurs Objectifs de Propreté (IOP) pour identifier leurs points forts et leurs points faibles au regard des moyennes enregistrées par l’ensemble des collectivités (voir le détail de la méthodologie dans la pièce jointe en bas de cet article).
- 2eme étoile : réagir avec un plan d’action
La deuxième étoile récompense les collectivités ayant déjà obtenu la première étoile et qui mettent en œuvre des plans d’actions stratégiques au regard de l’analyse des évaluations de l’année précédente.
- 3eme étoile : inscrire ses actions dans une logique de développement durable
La troisième étoile valorise les collectivités qui s’inscrivent dans une logique de développement durable dans différents domaines liés au nettoiement.
- 4eme étoile : développer l’implication citoyenne
La quatrième étoile incite les collectivités à associer les habitants aux actions de propreté urbaine et à organiser cette implication citoyenne en la fédérant.
- 5eme étoile : Investir tous les domaines de la propreté urbaine et obtenir des résultats
La candidature à la 5e étoile débute par la réalisation d’un audit de terrain mené par une équipe extérieure à la collectivité pour identifier les problématiques de propreté in situ et vérifier la concordance des IOP issus de l’auto-évaluation avec l’audit.
La ville d'Annecy s'est congratulée d'avoir obtenu la 3ème étoile du label fin mai 2024 pour une période de trois ans.

Mais cet exercice d'autosatisfaction de la majorité AST0RG-LARDET ne sert il pas à cacher la poussière sous le tapis ?

En effet et comme dans tout système de labellisation, il existe certaines failles et limitations, dont voici quelques exemples appliqués à la ville d'Annecy :

  1.     Une classification des salissures discutable : les salissures sont classées par sensibilité : haute (ex. déjections canines), moyenne (ex. papiers), et faible (ex. feuilles mortes). Il est ainsi surprenant de voir que les tags ou les affichettes, qui pullulent pourtant dans Annecy, ne sont considérés que comme de faible sensibilité, alors qu'ils ont pourtant un réel impact négatif sur la propreté des villes. Une partie de l'évaluation reste donc subjective, notamment dans l'appréciation générale de la propreté. La perception des évaluateurs peut varier, influençant ainsi les résultats (pour aller plus loin sur le sujet, retrouvez dans la pièce jointe en bas de cet article, l'étude éclairante menée dans la ville de Metz, sur la différence de perception entre propreté et sentiment de propreté).    
  2.     Inégalité des efforts à travers la ville : l'évaluation se concentre sur 20 sites spécifiques (dont il serait par ailleurs intéressant d'obtenir la liste auprès de la commune). Ces sites peuvent recevoir une attention disproportionnée par rapport aux zones non étudiées. Cela peut aussi créer une disparité dans la qualité de la propreté entre différents quartiers de la ville. De même, il n'est pas tenu compte de critères propres à chaque ville et notamment l'impact de la fréquentation touristique. La ville d'Annecy communique les données chiffrées au label tous les trimestres, mais il est évident que si des données sont transmises le 30 juin et le 30 septembre par exemple, elles ne tiennent donc pas compte de l'impact touristique de la saison d'été dans l'intervalle et fausse donc l'analyse de la propreté.
  3.     Risque de surévaluation des actions symboliques et d'effet de communication : la troisième étoile a été obtenue par la ville pour ses actions en faveur du développement durable, notamment dans le tri des déchets et la gestion de l'eau dans les opérations de nettoyage. Mais que viennent vraiment faire dans les enjeux de propreté urbaine, la reconnaissance accordée par le label à la ville au titre du verdissement de son parc de véhicules, et de son plan de sobriété pour les fontaines ? Certaines actions prises en compte dans l'évaluation peuvent donc être plus symboliques que réellement impactantes à grande échelle.      

L'obtention de la troisième étoile du label «Ville éco-propre" semble clairement utilisée aujourd'hui par la municipalité comme un outil de marketing et de communication, au détriment de la mise en place d'actions concrètes. Plutôt que de faire la course aux étoiles, il serait préférable d'obtenir une feuille de route et un plan propreté à long terme, avec des résultats tangibles, alors que dans les faits la ville d'Annecy n'a jamais été aussi sale qu'aujourd'hui. 

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